L’exil au Mexique – chapitre trois : Les Arts

Elle est assise, la tête penchée. Elle a tiré ses cheveux blonds en arrière et elle mord sa lèvre inférieure percée. Je me perd à contempler les tatouages qu’elle a sur les bras. Un chapeau de sorcière. Un serpent. Les 7 chakras et l’œil de la spiritualité. Un dragon chinois. Une flamme rouge. Une salamandre. Un bateau de pirate et le kraken. Chacun de ses dessins a été fait par une main différente, ils représentent un moment, un état d’esprit, un souvenir. Chacun définit sa personnalité unique. Elle est en train de tatouer avec une aiguille des plus rustiques à son amie brune, qui a l’air de supporter la douleur. Point par point, elle crée la forme d’un crâne, avec deux cornes et deux dents pointues. Cordoba reprend son souffle et sourit à son amie. « On y est presque » dit elle. L’autre se sert une gorgée de mezcal, et relache les muscles de son visage. Concentrée, Cordoba reprend son tatouage.

« Il n’y a plus de travail. L’âme du village s’est enfuie avec les derniers avions. Qui vais-je bien pouvoir tatouer à présent? »

Elle a raison. Ici, une part très importante de la population vit au jour le jour. Sans les vagues de surfeurs et de yogistes d’ici, le village ne permet plus de produire de quoi nourrir des familles parfois très nombreuses. Ces vendeurs de tacos ambulants, ces vendeuses de patisseries, ces jeunes qui vendent leurs bijoux, et artistes tatoueurs comme Cordoba… Tous se sont retrouvés du jour au lendemain sans gagne-pain.

Je sors de la chambre et croise Paula. Elle a peint sur son flanc une fleur. Rose, blanche et verte. Une fleur énorme. Un travail d’orfèvre. Je reste un moment à admirer son travail. Chacune laisse s’exprimer son art et sa folie, et vit ce moment de transition comme un moyen de renouer avec soi même. Ce moment va faire ressortir le meilleur de nous, j’en suis certaine.

Lorsque j’arrive dans la cuisine, trois étrangers sont assis, à jouer à la playstation. Je me serai trompée alors ? Ce moment ne fera pas ressortir le meilleur de nous tous.

« Bonjour! Vous êtes ? » je lance.

« Nous sommes les amis du propriétaire! Nous sommes arrivés aujourd’hui de la capitale! On va rester là quelques temps ! Lui c’est Andy, lui c’est Cristian, moi c’est Fédé, et les deux autres sont partis acheter un fut de bière! »

Je redescend rapidement. « Comment ça cinq personnes viennent d’arriver ? On ne doit pas être un nombre réduit de personnes ?! Ont ils étés en quarantaine ? Ils viennent de la capitale, là où l’infection a déjà commencé ! », c’est un flot de paroles que je lance à Marcelo. Cordoba arrête son travail et descend.

« Comment?! Dix personnes c’est de la folie! Et comment est-ce qu’on va pouvoir utiliser la cuisine entre 10 personnes? Allez, on s’en va. »

Le lendemain matin, Cordoba est sur le départ, elle a deux ou trois cartons, de la peinture, des encres. On l’aide à descendre ses affaires au village. Elle monte dans un taxi. « On se voit bientôt!… Après tout ça ».

Nous terminons de boucler nos bagages, et c’est à notre tour de déménager. Les rues sont vides. Le barda sur le dos, nous traversons les chemins de terre, et nous approchons de la montagne…

Où nos héros vont-ils arriver ? Quelle sera leur nouvelle maison ? Vont ils revoir Cordoba? Vous le saurez dans le prochain chapitre – si celui ci vous a plu ! Retrouvez les 2 chapitres précédents de l’Exil au Mexique ci dessous.

CHAPITRE SUIVANT : la résistance s’organise

L’exil au Mexique – chapitre un

L’exil au Mexique – chapitre deux

L’exil au mexique – Chapitre trois : les Arts 24/03/2020.

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